dimanche 9 novembre 2008

Obama’s Plan to Stimulate Urban Prosperity (Urban policy, selon Barack Obama)



Derrière l’image du premier président américain « noir », il y a avant tout un homme politique, quelqu’un qui a fait de la politique. Sans minimiser la dimension hautement symbolique de cette élection, sans non plus occulter le politics, intéressons nous à la policy ou aux policies, c’est-à-dire à la consistance des politiques publiques que souhaite mettre en œuvre le Président démocrate élu.




Quelles sont donc les propositions que l’on peut trouver dans son programme de campagne ? Le chapitre Urban policy suscite bien évidemment tout notre intérêt, dans la mesure où les Etats-Unis (avec la France) ont toujours constitué un « laboratoire » des politiques publiques de la ville* pour les urbanistes et pour les policymakers en général.

Son « Plan to Stimulate Urban Prosperity » s’appuie sur 3 axes :
1° Renforcer l'engagement fédéral en direction des villes américaines : sera créé à la Maison-Blanche un Bureau de la politique urbaine destiné à mettre au point une stratégie pour les métropoles américaines et en charge de l’affectation et de la dépense effective des fonds fédéraux ciblés vers les zones urbaines.
2° Stimuler la prospérité économique dans les zones urbaines par le soutien à la création d'emplois, le renforcement de la formation de la main d'œuvre, et une plus grande accessibilité aux capitaux pour les entreprises mal « desservies ».
3° Rendre le logement plus abordable en veillant à ce que la classe moyenne puisse obtenir l'aide financière dont elle a besoin pour acheter ou conserver son logement, mais aussi en augmentant l'offre de logements abordables.

Si l’on examine plus particulièrement les mesures ayant trait au développement territorial, on retrouve trois politiques publiques sur lesquelles le candidat Obama s’engage : le développement économique, l’urbanisme et la politique de la ville.

En matière de développement économique, le plan Obama est ambitieux : il vise à stimuler la prospérité économique des régions métropolitaines, notamment par le soutien aux clusters et pôles régionaux d’innovation. Barack Obama and Joe Biden annoncent la création d’un programme fédéral de soutien aux clusters innovants et aux centres régionaux de l’innovation innovation orientés dans les nouvelles industries. Ce programme sera doté de 200 millions de dollars, affectés à la planification et à l’investissement public régional (universités, infrastructures de transport), afin de renforcer à long terme la croissance régionale. Par ailleurs, le Président élu devrait créer un réseau national public-privé des pépinières d'entreprises afin de développer l'esprit d'entreprise et stimuler la croissance de l'emploi. La nouvelle administration compte « investir 250 millions de dollars par an, afin d'accroître le nombre et la taille des pépinières d'entreprises dans les toutes les communautés urbaines du pays ».

Dans le champ de l’aménagement, des transports et de l’urbanisme, la mesure « Strengten Livability Of Cities » (que l’on pourrait traduire par « renforcer l’urbanité des villes »), s’attache à coordonner les politiques de planification avec celles de l’environnement, de la santé publique et de l’accès à l’emploi. Barack Obama a notamment été l’instigateur du Healthy Places Act, qui permet d’aider les autorités locales à mieux évaluer l'impact sur la santé de leurs politiques et de leurs projets comme les aménagements autoroutiers ou les centres commerciaux. La réaffectation des crédits d’aide aux transports alternatifs à la voiture, l’amélioration du bilan énergétique du secteur du bâtiment et la décontamination des sites industriels sont également inscrits à l’agenda.

En matière de mobilité, le plan Obama est particulièrement volontariste : « le renforcement des infrastructures et de nos systèmes de transport, y compris les routes et les ponts, sera une priorité absolue », peut-on lire dans le programme. La création d’une banque nationale de revitalisation des infrastructures devrait étendre l’effort fédéral d’investissement public en direction des transports. Barack Obama parie sur la génération d’externalités positives en faveur de l’emploi : « ces projets permettront de créer jusqu'à deux millions de nouveaux emplois directs et indirects par année et de stimuler environ 35 milliards de dollars par an dans de nouvelles activités économiques ».

Le volet accessibilité à l’emploi est très intéressant, car articulé avec la dimension de l’urbanisme et des politiques de déplacements. Barack Obama et Joe Biden s’engagent à intensifier par deux le programme fédéral JARC (Jobs Access and Reverse Commute) en veillant à ce que les fonds fédéraux additionnels de développement du transport public soient fléchés en priorité vers les collectivités et quartiers qui en ont le plus besoin et en s’assurant que les démarches de planification urbaine prennent bien en compte cet aspect de la politique de transport. « L'agenda Obama-Biden de la politique urbaine permettra également de faciliter la création de nouveaux emplois dans les zones économiques peu attractives, de sorte que leurs résidents, aux plus faibles revenus, puissent trouver un emploi au sein de leurs communautés d'origine », à l’instar du programme de zones franches économiques mis en place par le Sénat de l’Etat de l’Illinois en 2003 où Barack Obama siégeât de 1996 à 2004.

Dans le domaine de la politique de la ville, l’accent est mis sur la réactivation du Fonds de développement communautaire Block Grant, programme intégrant à la fois le logement social et l’emploi dans les zones déshéritées et qui avait été remis en cause par l'administration Bush. Rien de très étonnant lorsque l’on connaît le parcours de Barack Obama, qui a œuvré pendant plusieurs années (à partir de 1985) comme « community organizer » dans un quartier sensible de Chicago.




Cette référence aux community développement corporations (CDC) consiste à mettre davantage l’accent sur le territoire plutôt qu’à l’identité ethnique. Rappelons que les CDC, nées d’une volonté de lutter contre l’inertie des collectivités face à la dégradation des quartiers, ont acquis un pouvoir de « planning » (voir à ce sujet, M. L. Sullivan, More than Housing : how CDC Go about Changing Lives and Neighborhood, New York, Community Development Research Center, 1993).

Dans une logique d’Empowerment, ces corporations de résidents ont reçu mandat de restaurer le lien social par la co-construction de politiques de gestion territoriale (mais aussi de sécurité urbaine) avec les autorités publiques. Même si comparaison n’est pas raison, les études montrent que ces politiques communautaires (community policing) ont souvent obtenu de biens meilleurs résultats sur le terrain que notre "fameuse" politique de la ville à la française (la lecture de l’ouvrage Faire Société de Jacques Donzelot en est une démonstration implacable).


Développement économique, emploi, transports, logement, urbanisme, écologie urbaine mais aussi éducation et sécurité, l’approche multidimensionnelle des politiques urbaines qui est celle de la nouvelle administration Obama est séduisante. Tout comme sa proposition de coordonner tous les “federal urban programs” sous l’autorité d’un Directeur de la politique urbaine (The Director of Urban Policy) qui sera placé directement sous l’autorité du Président.






Voir également le nouveau site officiel du Président élu pour la période de transition (jusqu’au 20 janvier), http://change.gov/, mis en ligne dès le lendemain de l’élection.
En ligne depuis le 20 janvier 2009 :