mercredi 3 décembre 2008

Urbaniste : le métier existe, la profession reste à organiser

La Société Française des Urbanistes (SFU), en collaboration avec l’Université Paris Sorbonne – Paris IV et l’association Urba+ (réseau de l’Institut d’Urbanisme de Paris), réunira les 1ères Assises de l’insertion professionnelle des jeunes urbanistes le 11 décembre prochain à Paris (108, boulevard Malesherbes, 13h30-17h30).

Ces assises, placées sous le haut parrainage de Georges Molinié, Président de l’Université Paris Sorbonne-Paris IV, se dérouleront en présence de Bernard Saint-Girons, Délégué interministériel à l’orientation.
A cette occasion seront présentés les résultats d'une enquête sur l'insertion professionnelle de 228 diplômés issus des instituts d'urbanisme et formations supérieures en aménagement, conduite par la SFU et Urba+ dans le but d'établir, à l'échelle nationale, une veille stratégique sur les métiers et les qualifications de l'urbanisme. Cet état des lieux sera suivi d'un débat entre formateurs, urbanistes praticiens et étudiants. L'enquête, dont la valeur scientifique est toute relative, démontre un taux d'emploi dans le secteur de l'urbanisme proche des 85% pour un taux d'emploi global avoisinant les 90%. Le caractère professionnalisant des cursus est bien évidement déterminant dans cette réussite. Pour autant, ne nous y trompons pas : derrière ces chiffres, nous avons à faire à de fortes disparités de situations.
L'enjeu de ces assises est de donner un coup de projecteur à une profession comprenant plusieurs milliers de membres mais qui reste largement à organiser. Reconnue par les instances ministérielles de l'enseignement supérieur, la profession d'urbaniste ne dispose en revanche d'aucune visibilité dans les systèmes de nomenclatures du Ministère de l'Emploi. En effet, si les formations supérieures en aménagement et urbanisme ainsi que les instituts d'urbanisme "Article 33" sont bien rattachés au système universitaire et délivrent des diplômes d'Etat (Master, Doctorat), il n'existe par exemple à ce jour aucun code NAF (INSEE) réservé au métier d'urbaniste. Autrement dit, un diplômé en urbanisme à la recherche d'un emploi n'est pas véritablement en mesure d'être orienté dans ses démarches par le Service Public de l'Emploi, car ne rentrant pas dans les "cases". Certains de mes collègues en ont fait d'ailleurs l'expérience: l'ANPE ne leur a été d'aucune utilité dans leur recherche.
Et au niveau européen? Certes, le conseil européen des urbanistes a mis en place une grille des compétences, à l'instar du référentiel de l'Office Professionnel de Qualification des Urbanistes. Mais celle-ci reste très générale, indicative et n'a aucun fondement opérationnel. Nul ne sait vraiment si les instances européennes, qui sont positionnées sur les problématiques urbaines (voir la récente charte de Leipzig), vont s'emparer du sujet par le biais d'une directive bruxelloise.
Bien loin des revendications corporatistes, il s'agit en fait de débattre des modalités d'organisation d'une profession ouverte dont les ressortissants sont mobiles, très bien formés, exerçant leur métier dans une grande diversité de structures, souvent en bonne synergie avec le monde de la recherche et de l'enseignement supérieur.
En charge de l'insertion professionnelle au sein de la Société Française des Urbanistes, Dominique Musslin a le mérite de poser les termes du débat avec clarté : selon lui, il convient d'achever la structuration du métier d’urbaniste. "Celui-ci est exercé par des professionnels dont les statuts sont extrêmement diversifiés, et qui n’ont d’autre point commun que leur qualification. C’était un premier pas. Mais il faut maintenant reprendre la marche en avant et donner un statut au métier. Peut-on considérer comme normal qu’une profession forte de plusieurs milliers de membres n’ait:
· Aucun outil de veille stratégique sur le métier des jeunes et plus globalement de tous les urbanistes,
· Aucune convention collective spécifique,
· Aucun dispositif de formation permanente partagé.
Certes, une ou deux familles d’urbanistes ont pris ce chemin, les PACT ARIM, par exemple. Mais tous les autres, non.
Faut-il dès lors engager les uns et les autres sur des voies parallèles. Ne faut-il pas accélérer le mouvement ? Est-ce la crise qui va nous amener à entreprendre ce que nous rechignons à faire ? "