jeudi 18 juin 2009

A l'heure du Grenelle et de la réforme territoriale, les collectivités locales vont-elles se contenter d'une expertise discount?

Le maintien d'une mention urbanisme au concours d'ingénieur territorial pour laquelle les diplômés en urbanisme ne peuvent plus candidater (pour le simple motif que leur formation ne présenterait pas le caractère technique et scientifique requis) relève de la tartufferie administrative, pour ne pas dire de l'hérésie. Combien de fois va t-il falloir répéter aux services du CNFPT que le grade d'ingéneur territorial n'est pas une profession technico-scientifique? Pensez vous vraiment qu'un ingénieur en télécom est apte à piloter un Plan de Déplacements Urbains ou la révision d'un PLU?
Certains Instituts d'Urbanisme, comme l'Institut d'Urbanisme de Paris, préparent depuis un certain temps au concours d'ingénieur territorial. En 2006, sur une promo de 47 diplômés, 8 se sont portés candidat au concours d'ingénieur territorial et 6 l'ont réussi. Ils exercent aujourd'hui des fonctions aussi diverses que:
- responsable de l'habitat dans une communauté d'agglomération et chef de projet PLH ;
- chef de projet plan local de déplacements dans une communauté d'agglomération ;
- chargé de mission Prospective territoriale au sein d'un conseil général;
- chargé de mission urbanisme et rénovation urbaine au sein d'une communauté urbaine (projet ANRU) ;
- chargé de mission aménagement économique au sein d'une communauté d'agglomération ;
- directrice ajointe de l'urbanisme au sein d'une communauté urbaine ;
Pour exercer de telles missions, il convient avant tout de savoir décrypter le jeu d'acteurs des politiques publiques et pas de savoir manier des formules de physique! En collectivité, 80% du temps consacré à l'exercice de la profession urbaniste est de jongler avec ces réseaux d'acteurs et d'évaluer les risques juridiques, financiers, organisationnels et politiques d'une opération ou d'un projet. Pas de calculer le seuil de rupture du titane!
A l'heure où l'intercommunalité s'impose comme le chef de file de l'aménagement du territoire et du développement local, qu'elle revendique la compétence d'élaboration des PLU, qu'elle est amenée à territorialiser les objectifs du Grenelle de l'Environnement, qu'en conséquence, les besoins en "ingénierie de l'urbanisme et de politiques territoriales" deviennent considérables... ce revirement du CNFPT pose un véritable problème non seulement à la profession d'urbaniste, qui doit se structurer, mais aussi aux collectivités qui ne pourront se contenter d'architectes ou d'ingénieurs en génie civil pour piloter les politiques locales de l'urbanisme (voir en ce sens le courrier adressé par la Société Française des Urbanistes au nouveau Président du CNFPT, François Deluga). Comme le soulignent les étudiants et diplômés des Instituts d'Urbanisme dans leur pétition, "A vouloir se payer des urbanistes aux rabais, l’administration ne risque-t-elle pas d’obtenir une expertise discount ?"