dimanche 6 septembre 2009

Empowerment - 1ère étape : le temps du diagnostic






Pour (re)lancer le débat, je mets en ligne un "post" de Dominique Musslin, urbaniste qualifié et vice président de la Société française des urbanistes (SFU) sur le thème de l'organisation de la profession d'urbaniste. J'avais déjà eu l'occasion d'aborder le sujet avec lui à l'occasion d'une tribune publiée en janvier dernier dans la revue Urbanisme.



VIVE L’URBANISME
Chroniques sur la mutation d’une profession (1), par Dominique MUSSLIN

Les urbanistes français sont-ils les plus c… du monde ? On pourrait le penser. Les mouvements écologiques enfoncent les portes quasi-blindés du monde politique (la porte droite et la porte gauche) et mettent sur le devant de la scène ce fait majeur, que nombre de philosophes et de scientifiques ont développé : « le monde est fini ». Les Grenelle 1, 2 et… s’imposent dans le paysage et dans le quotidien. Le ruralisme rampant des babas cool est bien loin. Le Grenelle, ce n’est pas le retour à la ferme, mais bien la reconnaissance de la ville, de la ville dense, de la ville compacte, de la ville durable, avec toutes ses déclinaisons « énergisantes ».

Que font les urbanistes français ? Ils devraient faire la fête, faire partie des « processions et faire des offrandes à cette nouvelle idole »…. Eh bien non….
Je participais cette semaine aux universités d’été du Conseil français des urbanistes à Bordeaux – une de ces villes « convertie à la nouvelle idole ». Pour y qualifier des urbanistes…. Climat de fête ? Pas franchement… Climat revendicatif alors, pour se lancer dans la surenchère… pas non plus.

Non, une grande déprime. Les participants sont chaque année de moins en moins nombreux, le ministre présent ne répond pas aux questions, les finances de toutes les associations d’urbanistes sont dans le rouge. Du moins celles qui existent encore, car le cimetière de l’urbanisme a creusé les tombes pour accueillir quelques cadavres associatifs.

Quel paradoxe !
Cette profession est décidemment bizarre. Au moment où ses thèses triomphent, elle est proche de l’implosion. Evidemment, quand 300 urbanistes au mieux cotisent dans les associations diverses et 600 s’affichent « urbanistes qualifiés », alors que 8 000 urbanistes exercent en France, ce n’est pas brillant.

Il y a pourtant bien des raisons d’espérer. 1 000 jeunes diplômés par an (certes, peu de professionnels s’intéressent à eux), des jeunes urbanistes « pétillants » qui viennent se faire qualifier avec un projet professionnel nourri de passions, comme j’en ai croisé à Bordeaux, bien loin de la « déprime » des présidents, des jeunes urbanistes qui ont perdu cette mauvaise habitude des anciens de dire du mal des « méchants élus »… plein de raisons de construire un point de vue optimiste, raisonnablement optimiste.
Alors faut-il croire ceux qui nous affirment et écrivent, déclarent à tout va qu’ils détiennent les solutions et qu’il suffit de les écouter ? La Société française des urbanistes, à travers une lettre récente de son président, nous annonce qu’elle est la solution, et qu’il suffit d’adhérer. Elle s’occupera du reste… Pour y siéger, au conseil et au bureau (avec un strapontin), je perçois surtout un discours qui tente de coller à celui de « l’urbanisme durable » et des déclarations annuelles toutes plus « durables » que les autres. Mais j’attends toujours le passage à l’acte.

Le temps est venu d’une remise à plat franche et nette de notre profession. Ce ne sont pas des structures créées il y 100 ans qui peuvent nous permettre de rebondir. Ce ne sont pas des confédérations sans programme qui peuvent reprendre à leur compte le nouvel urbanisme et le besoin d’une nouvelle posture professionnelle.
Une nouvelle façon de s’organiser pour reprendre à notre compte cette flamme que j’ai vu dans les yeux des jeunes urbanistes passionnés par leur métier et que nos organisations professionnelles issus de réflexes corporatistes ne peuvent plus voir. Pas plus la Société française des urbanistes que le Conseil français des Urbanistes. Certains l’ont compris, comme Francis CUILLIER, d’autres restent aveugles.

La mutation est inéluctable. Pourquoi le nier ?